VILLAGE CORSAIRE de Basse-Terre

Qui est Antoine Fuët « Captaine Moëde » ?

« La Légende du Capitaine Möede, 1759-1806 »

pirate sur la plage

Ses premiers pas !!!

Dans la vielle citée de Narbonne, naît, Antoine Fuët, le 22 Janvier 1759, 2-ème enfant de Jean Fuët, maitre serrurier et de Marguerite Cayla son épouse.

Il vit et grandit à Narbonne, où il aide son père au travail de la forge, ce qui va sculpter son corps d’athlète. Très grand pour son âge, les épaules larges sur lesquelles tombe une chevelure noire qui rappelle ses origines espagnoles du côté de sa grand-mère.

Antoine Fuët entre donc à l’École Hydrographique de Narbonne en 1776, une des meilleures de France. Très bon élève, studieux, il n’a aucune difficulté pour aborder les nombreuses matières enseignées. Soixante mois de navigation et neuf mois de service sur les vaisseaux du Roi, étaient en plus de l’enseignement théorique, une obligation pour ces futurs capitaines de la marine marchande. À 25 ans, il obtient son brevet de capitaine hauturier au long cours.

Antoine Fuët se trouve en Guadeloupe en qualité de capitaine d’un navire marchand. L’île totale tombe aux mains des Anglais, le 22 avril 1759.

Victor Hugues, (désigné par la Convention pour empêcher les Anglais d’y prendre pied.), va réunir à Pointe-à-Pitre environ 25 commandants de navires français, alors présents dans le port ; Antoine Fuët est de ceux-là !

Victor Hugues leur demande de nuire le plus possible aux Anglais en attaquant leurs navires, et débarquer à l’improviste dans leurs possessions pour piller et répandre l’insécurité.

Á cet effet, il leur délivra des « lettres de marque ». Les Corsaires de la Guadeloupe sont nés. (Pour la petite histoire : l’activité de la flotte française aux Antilles poussa les Etats-Unis à créer US Navy.)

Le corsaire !!!

 

Le docteur André Nègre  écrit qu’:

En 1796, se déroula un célèbre combat maritime qui valut à Antoine Fuët un deuxième surnom (Capitaine Moëde). Ce jour-là, Fuët commandait une petite goélette nommée la « Thérèse ». Il revenait d’une expédition et son navire était chargé de barils et de caisses pleines de pièces d’or portugaises « les moëdes ».

Entre Cuba et le continent, un Anglais pris notre corsaire en chasse pour l’intercepter. La petite goélette de Fuët était toutes voiles dehors et l’Anglais ne parvenait pas à gagner sur lui. Notre capitaine aurait pu aisément lui échapper, mais Fuët n’était pas de ceux-là et il fit volte-face.

Le puissant navire ennemi pensait avoir facilement raison de la petite goélette, mais, Fuët manœuvra finement et évita les tirs nourris du « goddam ».

Le combat durait maintenant depuis plusieurs heures, car à cette époque, les boulets étaient moins meurtriers que les roquettes de nos jours. Néanmoins, les deux navires avaient souffert. Le maître-canonnier Zoye, remonta de sa soute à munitions annonça à son capitaine : « Il ne reste de la poudre que pour deux heures de combat, il n’y a plus de boulets pour bourrer la gueule des canons » !

Il ne restait à Fuët que deux solutions ; capituler ou se faire exploser avec la « Thérèse ». Il allait se résoudre à sauter avec sa goélette lorsque soudain il eut une idée. « Défoncez les barils et les caisses, chargez les canons à mitraille avec les pièces d’or », ordonna-t-il. La lutte reprit, incroyable, féroce, meurtrière. Un dernier boulet de Zoye avait abattu le mât de misaine de l’Anglais qui manœuvrait difficilement maintenant. La mitraille dorée avait déchiré les voiles, fait éclater le bois, déchiquetait le corps des matelots ennemis paniqués. Revêtu de son uniforme étincelant, Fuët se lança à l’abordage en tête de ses hommes, un sabre dans une main, une hache dans l’autre, deux pistolets à la ceinture, en criant à ses corsaires : « Et maintenant les enfants, allons récupérer notre monnaie ». Le corps à corps fut acharné et bref.

Après un quart d’heure de lutte, le brick capitula. Un cri unanime retentit sur le pont : « Vive le capitaine Moëde !». 

Fuët ramena le brick à Pointe-à-Pitre. Il fit disséquer les cadavres par les chirurgiens qui récupérèrent près de 300 pièces d’or dans les chairs mortes, tandis que les hommes d’équipage eux extrayaient 1 813 pièces de la coque du navire.

L’exploit fut connu en France, mais trop loin de la métropole, le Capitaine Moëde et l’équipage étaient des héros oubliés, bien trop retirés des champs de bataille de la République et de l’Empire. Pendant plus de dix ans, notre héros va fendre les flots, allant de victoire en victoire, se battant à la tête des Corsaires de la Guadeloupe contre l’Amérique et l’Angleterre.